Une routine exotique

Au bout de dix jours, une douce routine s’installe dans notre vie sous les tropiques. C’est une routine à laquelle on se plie volontiers. Comme toutes les routines, elle a du bon, et elle ressemble un peu à cela.

Le matin : école et nourritures terrestres et spirituelles

en route pour l'école

En route pour l’école

On se lève de bonne heure, avec le soleil, entre 6h30 et 7h. On prend le petit-déjeuner ensemble au son des oiseaux de toutes sortes qui piaillent dans le jardin. Les enfants se préparent pour aller à l’école. Ils auront bientôt un uniforme que leur coud la directrice d’école, mais en attendant c’est t-shirt blanc et bas de leur choix.

Le chemin de l’école est magnifique. On prend la jeep et on passe par une petite route où passent à peine deux voitures se croisant. De chaque côté de la route, une végétation riche, des maisons  ombragés aux senteurs ambrés, des chiens errants en pagaille qu’il faut éloigner de la route à grands coups de klaxon. On s’imprègne de la langue et des sons d’ici en écoutant la radio, parfois on se permet un petit tube occidental qu’on chantonne à tue-tête avec les enfants.

La dépose à l’école est rapide et se fait sous le regard bienveillant et amusé des mères et des vieillards du village.

Je repars heureuse de ces petits moments volés à la Belgique et à son temps, son paysage et ses regards maussades.  Pendant qu’Ivan travaille sur ses sites ou sa correspondance, je prends l’équipement de snorkelling et vais faire un tour seule sur la plage, pour rejoindre les centaines de poissons et peut-être, avec un peu de chance, une tortue de mer géante, avec lesquels je vais nager pour le reste de la matinée.

Parfois, la plage fait place à un temple ou au marché. Nourritures spirituelles ou terrestres, au choix.

L’après-midi : découvrir ou profiter ?

Les enfants finissent l’école à 11h30, ce qui laisse tout l’après-midi pour découvrir ou profiter. L’option “profiter” ne nous éloigne guère de la maison, et nous traînons au bord de la piscine, jouant, lisant, dormant, rêvant. La journée se termine par une visite à la plage où de nombreux touristes et sri lankais, mêlés sur la plage et dans l’eau, savourent les derniers rayons du soleil. La mer engloutit tous les soirs le globe lumineux, et tous les matins le recrache, dans un feu d’artfice d’oranges et de roses. C’est à la fois d’une banalité désolante et magique. Je ne m’en lasse pas.

brief garden au Sri Lanka

La maison et le jardn de Bewis Bawa: Brief garden

L’option  “découvrir” nous entraîne sur la route, au gré des envies. Cet après-midi, nous décidons d’aller visiter un jardin et une maison appartenant à Bewa Bava, le frère de Geoffrey Bava, l’architecte sri lankais connu (en tous cas très connu des Sri lankais), ainsi qu’une couveuse de tortues de mer. Nous prenons la route de Colombo que nous ne connaissons pas au-delà d’Ambalagonda (le musée des masques, voir cet article).

Pour la première fois depuis notre arrivée, nous mangeons dans un bouis-bouis de bord de route. Des roti (ou rotty), ces crêpes fourrées typiques du Sri Lanka. Elles sont délicieuses, préparées fraîchement pour nous et nous nous en tirons pour 5 euros (1000 roupies) pour 4, dessert compris.

La plage s’étire à perte de vue, à croire que tout le pays n’est qu’une immense plage. La circulation est dense et chaotique, comme d’habitude, mais tout est encore nouveau et sauvage pour nous ici, et nous ne perdons pas une goutte du paysage qui défile.

Nous bifurquons dans la campagne au bout de 45 min et sans l’aide de piétons, nous nous serions perdus 10 fois. Nous arrivons au Brief Garden vers 14h30, au plus chaud de l’après-midi, et accueillons la fraîcheur du jardin avec une certaine adoration, notamment pour son herbe verte et tendre dans laquelle nous nous ‘”baignons” littéralement.

Dans la belle maison coloniale décorée de nombreux tableaux (reproductions de peintres français des années 1920-30, Picasso, Gauguin, etc), on nous offre le thé. Nous sommes transportés dans un autre temps. Il règne un calme olympien dans ce jardin et nous savourons notre thé sous un arbre à tiare centenaire.

Après cette agréable et coûteuse visite (nous avons payé 3 fois plus cher pour cette visite que pour le repas de midi), nous reprenons la voiture pour visiter une couveuse de tortues de mer à Kosgoda.

bébé tortue de mer

Bébé tortue de mer qui vient tout juste de naître !

Les tortues de mer sont toutes des espèces protégées et les couveuses permettent de récolter des oeufs de tortues et de donner plus de chances de survie aux tortues avant qu’elles partent dans l’océan vivre leur vie.

Le guide est très pédagogue et les enfants suivent, fascinés (grâce à nos traductions). Calli nous tanne pour tenir un bébé tortue dans ses mains, mais le guide refuse. Elle peut toucher les grandes mais pas les petites. Au moment de notre visite, un oeuf de tortue s’ouvre et le monsieur demande à Calli si elle veut porter le bébé tortue jusqu’au bassin d’eau où nagent les tortues qui viennent de naître. Calli est aux anges !

La journée se termine sur notre plage, celle de Hikkaduwa, où nous apprenons que les oeufs de tortue que nous guettions dans la petite couveuse d’Hikkaduwa ont  éclos ce matin. Nous les avons ratés, mais ce n’est pas grave. A Hikkaduwa, ils conservent seulement les oeufs, ensuite les tortues se débrouillent et souvent, elles naissent au petit matin ou quand le soleil se couche.

Ivan et moi regardons de jeunes moines qui se baignent dans l’eau. A les voir si sérieux dans leur belles robes safran et pourpre, on en oublie souvent que ce ne sont que des hommes, avec leurs faiblesses et leurs petits plaisirs. A méditer 🙂

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