Dernières heures à Kep – par Ivan

Tout a une fin. Ce matin nous avons fait les valises, puis nous avons traîné toute la journée entre la piscine et la maison, sans avoir aucune envie de faire quoi que ce soit. Nous grapillons chaque image, couleur, impression, odeur dans la brise. Il fait plus chaud que d’habitude et pour la première fois du séjour nous transpirons. Il est temps de partir.

IMG_7380Les enfants font leur dernier cours d’anglais et pour la peine, ils ont droit à une petite boisson locale, un mélange de lait condensé, de glace, de poudre parfumé au chocolat ou aux fruits, et de petits bonbons gélatineux. C’est assez indigeste, mais heureusement ils s’en rendent compte et n’arrivent pas à terminer leur verre 🙂

Les dernières heures à Kep pourrait aussi être les dernières de tranquillité de Kep. La route qui se construit va amener du monde, beaucoup de trafic, et l’on trouvera les mêmes magasins, pauvres et prostitués que partout ailleurs. Pour le moment la ville est encore une petite station balnéaire préservée, mais les spéculateurs immobiliers veillent et voient déjà les profits arriver. Ce sont les seuls à saliver en pensant à l’avenir.

IMG_7396Nous allons ce soir une dernière fois au Sailing Club. Aurélie et moi roulons doucement, regardons chaque grand arbre avec ses lianes qui ondoient au vent, on s’arrête sur le bord de mer pour assister au coucher du soleil rouge dans la mer. Les embruns marins se mêlent aux odeurs des bougainvilliers. Même si le pays ne nous a pas emballé, ce petit coin de paradis va nous manquer et tous les deux, nous nous sentons un peu noués de devoir partir.

Les enfants courent s’asseoir au bout du ponton et restent tous les deux longtemps face à la mer, les vagues venant leur lécher les pieds. Eux aussi sentent la fin venir et Ulysse n’a pas envie de partir. Mais toute chose a une fin… surtout les meilleures.

IMG_7403Le jour du départ, Aurélie va au Wat Samadhi, le petit temple de montagne à côté de chez nous. Elle n’y avait pas encore été. Le temple est bien situé et la vue sur les marais salants au lever du soleil y est magnifique. Des poivriers et des hévéas sauvages bordent le temple et l’enserrent dans un écrin de végétation assez dense. De loin, il n’y a que le toit qui dépasse.

Les deux prochains jours nous reprenons une dernière louche d’Asie avec Bangkok, puis retour à Bruxelles, en espérant que nous saurons capter un peu de soleil et de chaleur dans nos bagages pour faire venir le printemps.

 

Du lever au coucher : bonheur !

Les derniers jours, nous décidons de nous faire plaisir. Ca ressemble à peu près à ça 🙂

Un petit temple le matin, avant l’école

Jeudi matin nous allons visiter un temple bouddhiste sur une île où des moines méditent à longueur de journée. Vous vous imaginez sans doute que les enfants font la tête de se lever à 6h du matin pour aller visiter un temple bouddhiste ? Eh bien non, ils sont presqu’aussi enthousiastes que nous, c’est incroyable. Rien de tel qu’un petit temple bouddhiste avant l’école pour se mettre en jambes ! D’autant qu’eux chantent la prière à Bouddha chaque matin à l’école, ils sont donc techniquement plus calés que nous en bouddhisme sri lankais 🙂

Nous prenons un bateau (un prao) pour aller sur le lac au moment où le soleil se lève. Tushara et Ramit nous accompagnent, c’est la première fois qu’ils font une activité avec nous. Le bateau glisse silencieusement sur le lac, c’est beau et paisible tout ce silence. Deux îles abritent des temples bouddhistes où l’on ne peut aller que lorsque les moines déjeunent, sinon on risque de les déranger quand ils méditent. Dommage, cela nous aurait bien plu, mais avec les enfants, ce n’est sans doute pas une bonne idée.

Nous allons donc visiter un autre temple sur la rive qui est très vieux, plus de 250 ans pour sûr. Le temple a un nom IMPRONONCABLE, je vous met au défi : Shailabimbayarama vihara (moi je suis « fluent » maintenant, mais vous, j’aimerais bien vous entendre là). C’est un très beau temple, pas très grand, sombre car il y a une coupure de courant (une parmi tant d’autres) et donc nous ne profitons pas de toutes les belles fresques. Calli et moi avons trouvé un petit chat qui s’est accroché à mon épaule et ne veut plus la lâcher, il est tellement câlin que ça me brise le coeur de le lâcher – Calli devenant franchement jalouse 🙂 Un chat spirituel qui nous accompagne dans notre visite, ça doit être une belle réincarnation ça, chat de temple, ça me plairait bien.

Ulysse, pendant la visite, étale sa science du bouddhisme après la visite que nous avons eu du temple à côté de l’école, ça me fait rire de l’entendre parler du bouddhisme comme ça, il est chou ! J’oublie qu’il a déjà 9 ans, c’est un grand maintenant.

Voici quelques photos du temple et du lac. Il y a notamment une petite cabane dans le lac dans laquelle les jeunes bonzes se font ordonner moines et qui nous fait une forte impression. Il paraît qu’ils doivent, après le rasage intégral de la tête, prendre un bain dans du lait (de quoi exactement, impossible d’en savoir plus). On imagine à défaut d’être témoin…

Un dernier coucher de soleil sur l’Océan indien

Après la dernière matinée à l’école, nous déjeunons au bord de la piscine, nous succombons au charme de la sacro-sainte sieste, puis nous prenons la voiture pour une dernière promenade qui nous emmène à Talpe, après Galle, vers un beach restaurant qu’on m’a recommandé. C’est absolument magnifique et nous passons là le reste de la journée, enchantée de cette bonne adresse à deux jours du départ. Heureusement, sinon on y serait revenus plus souvent et cela nous aurait coûté plus cher que les 5 euros par repas habituels !

Je laisse les photos parler d’elles-mêmes, voici le lien de l’endroit pour ceux que ça intéresse : http://www.talpebeach.com/

Bêtes, Hommes et Dieux

Dogme, dévotion, superstition, le Sri Lanka n’est pas pauvre en sentiment religieux. Aujourd’hui les principales religions du monde – bouddhisme, hindouisme, islam, christianisme – y coexistent paisiblement, mais cette paix cache des blessures profondes et des séquelles de la guerre civile qui déchira le pays pendant plus de 30 ans, jusqu’en 2009.

Si les gens du pays sont religieux, ils le sont cependant avec bonhomie, avec un sens du sacré qui relève autant, sinon plus, de l’esprit pratique que de la peur de l’inconnu. Cette attitude contraste fortement avec celle décrite dans mon livre de chevet du moment et qui a donné le titre de cet article : “Bêtes, Hommes et Dieux” de Ferdinand Ossendowski, une épopée improbable à travers la Mongolie nterdite des années 1920-1921.

“Le bouddhisme, c’est du sport”…

Monter les marches jusqu'au temple, c'est du sport aussi !

Monter les marches jusqu’au temple, c’est du sport aussi !

… comme dirait mon fils. En cause, le nombre invraisemblable de règles et de coutumes à respecter dans un temple, et que j’ai décrit plus en détail dans un autre article. Mais si les bouddhistes sont intransigeants envers eux-mêmes dans leur pratique du bouddhisme, ils ne sont pas prosélytes pour deux sous et se préoccupent même assez peu de ce que font les autres dévots dans le temple. Chacun pour soi et pour Dieu !

Le bouddhisme du Sri Lanka est assez syncrétique, et très différent du lamaïsme tibétain ou du bouddhisme zen japonais. D’autres Dieux peuvent être vénérés, comme Dewol, un Dieu vengeur du panthéon hindouiste, qui a son propre petit temple à l’intérieur du temple de Seenigama, à l’entrée de Hikkaduwa. Posé sur une île proche du rivage, et ayant miraculeusement échappé au tsunami de 2004, ce temple attire les gens qui veulent jeter le mauvais oeil sur un voleur ou un criminel qui leur a fait du mal. Pas très peace and love tout ça me direz-vous…

Le bouddhisme, c’est une vraie ménagerie

Frise d'éléphants au temple de Matara

Frise d’éléphants au temple de Matara

On retrouve dans l’imagier bouddhiste de nombreux symboles animaliers, d’où le titre de cet article. L’éléphant d’abord, qui se rencontre pour de vrai dans certains temples (comme à Matara) mais qui orne surtout les murs des temples en de longues frises monotones.

Le lion ensuite, symbole du Sri Lanka, qui est très présent à la fois dans les temples bouddhistes et les temples hindouistes. J’ai demandé à mon guide dans le temple s’il y avait des lions avant au Sri Lanka, et celui-ci m’a répondu que non, que le symbole venait d’Inde… Comme il y a une coupure de courant au moment où j’écris cet article, je ne peux vérifier ces dires, mais ça me paraît un peu gros de choisir pour son drapeau un animal qui n’a jamais existé dans le pays, non ?

Le cobra ou naga, enfin, qui protégeait Gautama Bouddha de la pluie au moment de sa méditation. Forces détails donnent à ces représentations de cobras un aspect un peu effrayant, mais c’est sans doute mon manque de familiarité avec l’animal, car les locaux n’y prêtent même plus attention.

Côté animaux, les temples boudhistes font cependant grise mine face aux temples bouddhistes qui grouillent littéralement de représentations animalières, dont certaines de dimensions impressionnantes. Nous n’avons pas encore visité de temple hindouiste, mais nous en voyons de nombreuses traces chez les antiquaires. Après la guerre, les temples hindouistes du nord du pays, près de Jaffna, ont été copieusement pillés et des sculptures en bois géantes de chevaux, d’éléphants, de vaches et de lions se trouvent désormais chez tout bon antiquaire qui se respecte. Comme la plupart des antiquaires sont musulmans, cela ne semble pas leur poser de graves problèmes de conscience.

Le bouddhisme, c’est beaucoup de blanc et d’orange

Stupa blanc du temple bouddhiste à côté de l'école

Stupa blanc du temple bouddhiste à côté de l’école

Comme 70% de la population est bouddhiste, nous avons été plus exposés à cette religion qu’aux autres et pouvons donc en parler un peu plus, à défaut d’en parler mieux.

Le blanc est omniprésent dans les temples bouddhistes. Les stupas (pagodes) sont blanches, les temples sont blancs ou jaunes, la plupart des Bouddhas en vitrine sur le bord des routes sont blancs. Les dévots s’habillent en blanc lors des grands festivals bouddhistes, et les enfants sh’abillent tout de blanc pour l’école du dimanche dans le temple de leur quartier.

C’est pourquoi le contraste entre tout ce blanc et les robes des moines d’un orange éclatant (plus rarement d’un rouge sombre ou d’un brun ocre) est si beau. Les trois couleurs des robes correspondent à …

La version plus soft de cet orange éclatant, le jaune doré, est une couleur que j’aime beaucoup porter et qui représente pour moi le bonheur dans la simplicité. C’est une couleur qui fait sourire.

Si les moines que nous avons vu sont tous des hommes, les personnes qui viennent au temple sont majoritairement des femmes. C’est sûrement la même situation dans les églises de France et de Navarre, donc cela ne m’étonne pas, mais traduit sans doute une réalité plus profonde des sociétés patriarcales à fond religieux.

Il y aurait encore tant à dire sur les temples ou viharas bouddhistes du pays, mais les images ci-dessous parlent d’elles-mêmes. Comme il m’est interdit d’entrer dans les mosquées, je ne peux en parler. Dommage, car les rares que j’ai vues en Turquie, en Syrie et en Iran étaient de toute beauté et rivalisent sans problème avec les plus beaux des monuments religieux des autres grandes religions humaines.

Cet aprèes-midi nous visitons un temple hindouiste, je vais donc pouvoir compléter ma connaissance des bâtiments et pratiques religieuses du pays !

Ma troisième semaine au Sri Lanka

Lundi 3 mars 2014

On est allé à l’école et on a reçu nos uniformes. Pendant la journée on n’a pas du tout fait grand chose. Ca veut dire qu’on est resté au bord de la piscine.

Mardi 4 mars 2014

IMG_4764Le grand jour ! Le matin on est allé à l’école avec nos uniformes. A midi il y avait des langoustes vivantes dans la cuisine, pour mon anniversaire.

L’après-midi on est allé se promener dans la ville. Pour que Roshan, Tushara et Ramit puisse préparer mon anniversaire, moi et ma maman on est sorti de la voiture et on s’est promené en ville. Ma maman a demandé à une couturière de me faire un short de bain de surfeur, et j’en ai pris un pour mon cousin. On a mangé une glace en secret, mais qui n’était pas top.

On est rentré à pied, il faisait nuit et là, il y a une voiture et dedans il y a Roshan qui vient nous chercher (ma maman n’est pas d’accord elle dit que ce n’était pas lui :-)).

Quand je suis rentré, je suis allé dans la salle à manger et la table avait disparu ! Mais où était-elle passée ? Je devais attendre un peu car la surprise n’était pas encore terminée. Surprise !

Quand on m’a dit que je pouvais aller à la piscine, j’y suis allé et là-bas, j’ai vu quelques flammes. Je me suis approché et là, plein de bougies (je les ai comptés, il y en avait 54). La table était réapparue. Elle était à la place des chaises longues. Au début l’anniversaire était ennuyant parce qu’il n’y avait pas beaucoup de surprises. Mais après, quand c’était l’heure de manger, j’ai eu mes cadeaux. C’était une belle veste orange dorée et trois cours de surf.

IMG_4800Ensuite, les langoustes sont arrivées, un très beau plat sur la table. J’ai pu manger la langouste avec les doigts car c’était mon anniversaire ! Les adultes buvaient trop de bière je trouve. Avant le dessert, je me suis mis en short de bain et mon papa m’a dit « Joyeux anniversaire » et il m’a poussé dans la piscine.

Calli s’est baigné avec moi et on a fait des photos de toute la famille qui se baignait. Après le gâteau est arrivé. Le gâteau était en forme de nounours. Le dessus était très coloré et la pâte pas colorée, elle était meilleure que le dessus. Après, on m’a dit de ne pas souffler mes bougies, car qu’est-ce qui était rouge là-bas ? Un feu d’artifice !!! Et ensuite, deux jets qui explosent. On a reçu des bougies magiques qui font des étincelles. Puis j’ai soufflé mes bougies d’anniversaire et j’ai servi les parts du gâteau.

Après je me suis rebaigné un coup et on a écouté de la musique dans l’eau. On s’est séché et DODO !

Mercredi 5 mars 2014

Ce matin j’ai été chercher des épices avec Roshan, papi, mamie et mon papa. Elles étaient pas top ! J’ai goûté de la cannelle et du gingembre, mais ça piquait trop.

Ulysse s'essaie à la taille

Ulysse s’essaie à la taille

Après le repos, nous sommes allés à une mine de pierres précieuses. On a vu le trou pour descendre dans la mine. On a regardé comment ils lavaient les pierres précieuses. Sur le chemin j’ai récolté des pierres de lune bleues. J’ai taillé une pierre précieuse sur une machine avec un dique très dur en poudre de diamant. J’ai vu comment on polit la pierre pour qu’elle brille. Après on est allé dans une boutique. Moi je n’ai rien acheté ce qu’il y avait dans la boutique. J’ai acheté une pierre qui n’était pas taillée. C’était de l’aiguemarine bleue.

Le soir c’était le dernier dîner avec mes grands-parents.

Jeudi 6 mars 2014

On est allé à Colombo pour déposer mes grands-parents qui partent. On est allé à l’appartement où on allait dormir puis on s’est promené. On est allé dans un restaurant très chic et on a mangé des choses pas épicées, sauf papi qui s’est fait avoir alors qu’il avait pris des pâtes ! En dessert, on a eu des super desserts, j’ai eu un banana split que je n’ai pas fini et en sortant du restaurant, j’ai dit que j’avais pris un kilo !

Le soir on a regardé la télé mais c’était en cinghalais, alors on a regardé des dessins animés sur Youtube mais on n’a pas trouvé ce qu’on voulait. Pendant ce temps, mon papa est allé faire une interview d’un grand maître cinghalais d’art martial, ça s’appelle Angam Pura ou un truc du genre.

Vendredi 7 mars 2014

P1010397On a amené la voiture au garage car elle avait un problème, puis on est allé quelque part en tuktuk, mais tous les tuktuk essayaient de nous arnaquer sauf ceux qu’on a pris. Je suis allé à un magasin qui s’appelle Barefoot et qui a un café. on a bu des milkshakes et j’ai vu une exposition de vieilles affiches de cinéma, vraiment étonnant à voir !

On a visité le centre ville, le fort de Colombo. La seule chose qui était intéressante pour nous les enfants c’était de se mettre au frais.

L’après-midi nous sommes rentrés à la villa, ouf ! On s’est jeté dans la piscine car deux jours sans piscine, c’est dur.

Samedi 8 mars 2014

Aujourd’hui j’ai 9 ans. On est allé se baigner dans une plage où il n’y a que des gens du pays. C’était très dangereux car il y avait des baïnes qui pouvaient se déclencher. On a retrouvé ma maîtresse et ses enfants, qui se baignaient tout habillés. Ca c’est la religion du Sri Lanka, le bouddhisme !

L’après-midi on a fait tranquilou, on a regardé un dessin animé et on est allé à la piscine. Le soir on a fait des crêpes et de la mousse au chocolat. La mousse c’est pour demain car on prépare un repas français pour nos amis sri lankais.

Après avoir mangé on était en sueur, c’est comme si j’avais pris une douche mais que je ne me suis pas séché et que j’ai mis mes habits par dessus. On a fait disco pour mon anniversaire, mais on ne s’est pas couché tard.

Dimanche 9 mars 2014

IMG_4915Ce matin on est partis sans déjeuner pour aller à l’école du dimanche au temple près de notre école. On a retrouvé ma maîtresse et sa famille, et on est partis au temple en tuktuk alors que c’était juste à côté de l’école. Ils n’aiment pas marcher ici ! On a mis des encens et des fleurs près des statues de Bouddha. Derrière une statue de Bouddha, il y avait un arbre qu’il fallait arroser. Et là, je vais vous dire que le bouddhisme est très sportif, parce qu’on a fait trois tours avec un grand bol d’eau autour de l’arbre, puis on a mis l’eau dans un tuyau qui mettait l’eau direct dans les racines de l’arbre.

Il y avait des enfants qui faisaient l’école du dimanche, c’est quand on travaille sur Bouddha. Il y a 29 Bouddha et le prochain Bouddha arrive dans des millions d’années, c’est pour ça qu’ils n’ont pas prévu d’autres emplacements pour le prochain Bouddha dans la rangée de tous les Bouddha. J’ai vu deux enfants moines dont un qui a huit ans et un autre qui en a 12. Ils avaient des robes oranges.

Après on a pris le petit déjeuner dans la maison de ma maîtresse. On a eu du riz collant au lait de coco, c’était « delicious », du thé très sucré, du piment – Ah j’adore :-))) – non, je blague, c’est ma maman qui dit ça. Et aussi des nouilles aux légumes. Cest le petit-déjeuner typique au Sri Lanka. On a joué avec les filles qui sont jumelles, on a dit ce qu’on voulait faire quand on serait grand. Il y avait un garçon qui dessinait bien, il nous a montré ses dessins et il avait même dessiné un Ben 10 sur les murs et ses parents étaient même pas fâchés ! Les enfants srilankais veulent tous devenir médecins, mais nous non, Calli veut devenir vétérinaire et moi réalisateur de films et dessinateur de bandes dessinées.

Quand on est rentré, on voulait se baigner dans la piscine, mais elle était toute verte avec de la mousse blanche dedans. Ils avaient mis un produit.

Cet après-midi, on va faire du surf et voir encore les poissons. Et ce soir, mes parents ont prévu un repas français pour Roshan, Tushara et Ramit. Ils vont faire une salade provençale, de la ratatouille et de la mousse au chocolat pour eux. Et c’est nous qui allons les servir, pour une fois !

Un deuxième jour sous le signe des animaux

La nuit dans le petit hôtel que nous avons dégotté près du parc national de Yala fut agitée. Malgré les magnifiques moustiquaires roses (pleines de trous) Ivan s’est fait dévorer par les moustiques, et comme le ventilateur faisait un boucan d’hélicoptère au démarrage, nous avons eu très chaud. A 5 euros par personne, difficile de s’attendre à quelque chose de luxueux, mais nos années de baroude nous paraissent soudain lointaines et beaucoup moins enviables que dans mes souvenirs enjolivés 🙂

De Big Crocodile aux éléphants sacrés du temple de Matara

éléphant du temple de Matara au Sri Lanka

Calliopée comme sur la couv de la BD « India Dreams »

Sur la route du retour de Yala, nous nous perdons et faisons un grand détour. En vacances, on prend ce genre de désagrément avec bonhomie et puis on n’avait qu’à prendre un tour opérateur si on voulait éviter ce genre d’aventures. Nous nous arrêtons à la même plage que la veille, au restaurant Big Crocodile, pour profiter de l’eau mais les vagues sont tellement fortes que Calliopée ne peut pas se baigner. Elle se rattrape sur la plage en faisant des bijoux en coquillage, qui ne sont pas mal du tout ! Il fait tellement chaud que la seule option viable reste l’ombre et de bons jus de fruits frais : le sable brûle et la mer est tellement chaude qu’elle n’est même pas rafraîchissante.

A Matara, un gros bourg à mi-chemin entre Tangalle et Galle, nous nous arrêtons pour visiter un temple avec un Bouddha debout d’une trentaine de mètres, tout gris et qui ne nous inspire pas. Tout le temple est en restauration et devinez qui finance les travaux ? Le président du Sri Lanka, Mahinda Rajapakse, et ce en pleine campagne électorale.

Les deux éléphants sacrés qui se promènent dans le parc sont par contre beaucoup plus intéressants pour nos petits loups. On propose aux enfants de toucher un des éléphants, une femelle toute noire avec quelques tâches roses. Calli se jette sur l’occasion, Ulysse a peur. C’est vraiment l’amie des bêtes Calli, elle nous impressionne.

Les deux éléphants sont maintenus par des fers, ce qui attriste Ulysse. Il nous dit par après qu’il n’avait pas peur d’aller faire des photos avec l’éléphant mais qu’il avait peur qu’on nous demande de l’argent pour les photos. Il n’avait pas tort, le bougre, sauf que nous on ne donne pas d’argent pour prendre des photos. Dans ces cas là, on leur dit que c’est plutôt eux qui devraient nous payer pour faire de la publicité pour leur lieu.

La piscine qui fait du bien

Piscine à Hikkaduwa

Enfin la piscine !

Nous repartons non sans nous être auparavant ravitaillés en rotty (crêpes fourrées salées) très épicés pour les grands et petits pains sandwichs moins épicées pour les petits.

Quand nous rentrons à la villa, nous nous jetons tous dans la piscine. Dur dur de passer deux jours sans la piscine, on s’y habitue vite ! La fin de la journée s’écoule doucement entre lecture et écriture pour les grands, jeux d’extérieurs et devoirs pour les enfants – eh oui, ils sont en vacances mais ont quand même des devoirs. La désormais traditionnelle soupe surprise de Roshan avec son pain grillé à l’ail et ses nouilles aux petits légumes vient clore ces deux jours sous le signe des animaux que nous ne sommes pas près d’oublier.

Le lendemain nous ne bougeons pas et profitons d’un vrai dimanche pour ne RIEN faire, comme il se doit en vacances. C’est le premier jour depuis lundi dernier où les grands-parents ne sont pas en vadrouille et je crois qu’ils apprécient ce dimanche encore plus que nous.

Une routine exotique

Au bout de dix jours, une douce routine s’installe dans notre vie sous les tropiques. C’est une routine à laquelle on se plie volontiers. Comme toutes les routines, elle a du bon, et elle ressemble un peu à cela.

Le matin : école et nourritures terrestres et spirituelles

en route pour l'école

En route pour l’école

On se lève de bonne heure, avec le soleil, entre 6h30 et 7h. On prend le petit-déjeuner ensemble au son des oiseaux de toutes sortes qui piaillent dans le jardin. Les enfants se préparent pour aller à l’école. Ils auront bientôt un uniforme que leur coud la directrice d’école, mais en attendant c’est t-shirt blanc et bas de leur choix.

Le chemin de l’école est magnifique. On prend la jeep et on passe par une petite route où passent à peine deux voitures se croisant. De chaque côté de la route, une végétation riche, des maisons  ombragés aux senteurs ambrés, des chiens errants en pagaille qu’il faut éloigner de la route à grands coups de klaxon. On s’imprègne de la langue et des sons d’ici en écoutant la radio, parfois on se permet un petit tube occidental qu’on chantonne à tue-tête avec les enfants.

La dépose à l’école est rapide et se fait sous le regard bienveillant et amusé des mères et des vieillards du village.

Je repars heureuse de ces petits moments volés à la Belgique et à son temps, son paysage et ses regards maussades.  Pendant qu’Ivan travaille sur ses sites ou sa correspondance, je prends l’équipement de snorkelling et vais faire un tour seule sur la plage, pour rejoindre les centaines de poissons et peut-être, avec un peu de chance, une tortue de mer géante, avec lesquels je vais nager pour le reste de la matinée.

Parfois, la plage fait place à un temple ou au marché. Nourritures spirituelles ou terrestres, au choix.

L’après-midi : découvrir ou profiter ?

Les enfants finissent l’école à 11h30, ce qui laisse tout l’après-midi pour découvrir ou profiter. L’option “profiter” ne nous éloigne guère de la maison, et nous traînons au bord de la piscine, jouant, lisant, dormant, rêvant. La journée se termine par une visite à la plage où de nombreux touristes et sri lankais, mêlés sur la plage et dans l’eau, savourent les derniers rayons du soleil. La mer engloutit tous les soirs le globe lumineux, et tous les matins le recrache, dans un feu d’artfice d’oranges et de roses. C’est à la fois d’une banalité désolante et magique. Je ne m’en lasse pas.

brief garden au Sri Lanka

La maison et le jardn de Bewis Bawa: Brief garden

L’option  “découvrir” nous entraîne sur la route, au gré des envies. Cet après-midi, nous décidons d’aller visiter un jardin et une maison appartenant à Bewa Bava, le frère de Geoffrey Bava, l’architecte sri lankais connu (en tous cas très connu des Sri lankais), ainsi qu’une couveuse de tortues de mer. Nous prenons la route de Colombo que nous ne connaissons pas au-delà d’Ambalagonda (le musée des masques, voir cet article).

Pour la première fois depuis notre arrivée, nous mangeons dans un bouis-bouis de bord de route. Des roti (ou rotty), ces crêpes fourrées typiques du Sri Lanka. Elles sont délicieuses, préparées fraîchement pour nous et nous nous en tirons pour 5 euros (1000 roupies) pour 4, dessert compris.

La plage s’étire à perte de vue, à croire que tout le pays n’est qu’une immense plage. La circulation est dense et chaotique, comme d’habitude, mais tout est encore nouveau et sauvage pour nous ici, et nous ne perdons pas une goutte du paysage qui défile.

Nous bifurquons dans la campagne au bout de 45 min et sans l’aide de piétons, nous nous serions perdus 10 fois. Nous arrivons au Brief Garden vers 14h30, au plus chaud de l’après-midi, et accueillons la fraîcheur du jardin avec une certaine adoration, notamment pour son herbe verte et tendre dans laquelle nous nous ‘”baignons” littéralement.

Dans la belle maison coloniale décorée de nombreux tableaux (reproductions de peintres français des années 1920-30, Picasso, Gauguin, etc), on nous offre le thé. Nous sommes transportés dans un autre temps. Il règne un calme olympien dans ce jardin et nous savourons notre thé sous un arbre à tiare centenaire.

Après cette agréable et coûteuse visite (nous avons payé 3 fois plus cher pour cette visite que pour le repas de midi), nous reprenons la voiture pour visiter une couveuse de tortues de mer à Kosgoda.

bébé tortue de mer

Bébé tortue de mer qui vient tout juste de naître !

Les tortues de mer sont toutes des espèces protégées et les couveuses permettent de récolter des oeufs de tortues et de donner plus de chances de survie aux tortues avant qu’elles partent dans l’océan vivre leur vie.

Le guide est très pédagogue et les enfants suivent, fascinés (grâce à nos traductions). Calli nous tanne pour tenir un bébé tortue dans ses mains, mais le guide refuse. Elle peut toucher les grandes mais pas les petites. Au moment de notre visite, un oeuf de tortue s’ouvre et le monsieur demande à Calli si elle veut porter le bébé tortue jusqu’au bassin d’eau où nagent les tortues qui viennent de naître. Calli est aux anges !

La journée se termine sur notre plage, celle de Hikkaduwa, où nous apprenons que les oeufs de tortue que nous guettions dans la petite couveuse d’Hikkaduwa ont  éclos ce matin. Nous les avons ratés, mais ce n’est pas grave. A Hikkaduwa, ils conservent seulement les oeufs, ensuite les tortues se débrouillent et souvent, elles naissent au petit matin ou quand le soleil se couche.

Ivan et moi regardons de jeunes moines qui se baignent dans l’eau. A les voir si sérieux dans leur belles robes safran et pourpre, on en oublie souvent que ce ne sont que des hommes, avec leurs faiblesses et leurs petits plaisirs. A méditer 🙂